AUTO ECOLE SOCIALISANTE A.I.L.E
« LE PERMIS DE CONDUIRE POUR LEVER LES FREINS A L’EMPLOI »
A.I.L.E,
forte d'une expérience de douze années auprès des publics de bas niveau
en difficulté d'insertion, a souhaité élargir son offre de formation et
a ouvert en février 2009 une auto-école sociale pour le département de
Vaucluse. Cette auto-école sociale s'adresse aux futurs conducteurs en
parcours d'insertion bénéficiant d'aides publiques :
o public jeune,
o public adulte, bénéficiaire des minima sociaux ( APl, RSA)
o Public non lecteur et non scripteur en difficulté d’insertion
L'emploi
est le principal frein à une intégration à notre société et le passage
du permis de conduire est presque devenu une obligation. D'ailleurs
lorsqu'on consulte les annonces de Pôle Emploi, force est de constater
qu'être titulaire d'un permis B figure fréquemment au nombre des
exigences des employeurs. Cette exigence peut s'expliquer par le fait
que notre département présente un réseau de transport en commun peu
adapté avec les horaires des secteurs d'emploi (usine, agriculture,
nettoyage, distribution). L'obtention du permis de conduire est une
nécessité et une priorité pour l'accès à l'emploi et à l'autonomie
L'apprentissage de la conduite automobile peut contribuer à l'insertion
socio professionnelle des jeunes et des bénéficiaires du RSA.
Du code de la route au permis de conduire.....
L'expérience
de A.I.L.E l'a amenée à rencontrer un public ayant des difficultés
d'apprentissage autonome et pour qui l'examen du permis de conduire se
révèle impossible dans le circuit marchand classique_
A.I.L.E dans
le cadre de son action de formation linguistique propose un atelier «
code de la route» depuis 2005 et les bénéficiaires de cet atelier se
rejoignent sur un certain nombre de points :
• un faible niveau de formation et de qualification voire une situation d'illettrisme,
• un déficit de confiance et d'estime de soi,
• le besoin d'être pris en compte et d'être écouté,
• des difficultés pour se déplacer,
• des difficultés pour se repérer dans l'espace et le temps,
• des difficultés à se projeter dans l'avenir.
L'atelier
« code de la route» se compose de différents modules visant chacun
l'acquisition de compétences différentes. Il s'agit d'objectifs
opérationnels précis, objectifs établis à partir des connaissances à
acquérir et à maîtriser pour réussir l'examen du code de la route:
• un module sur la manière d'apprendre,
• un module sur les phases d'apprentissage,
• un module de réflexion sur l'objet d'apprentissage (qu'est-ce que le code ?),
•
des modules de compréhension et de mémorisation: ces modules
s'adressent aux personnes en capacité de comprendre à l'oral et/ou de
lire des énoncés en situation liés à des informations spécifiques et
techniques. Chaque module est constitué de contenus à l'intérieur
desquels la progression peut s'opérer quelque soit le niveau d'entrée de
la personne,
• un module d'activités pratiques et
concrètes destinées à prendre conscience de ce qu'est un véhicule et les
éléments qui le composent: le réglage du volant, le réglage du
rétroviseur, localiser les différentes pédales, ... (> le fait de
s'asseoir au siège conducteur, de «bricoler» la voiture peut contribuer à
donner du sens à l'apprentissage du code parce que les apprenants
effectuent des opérations très concrètes qui contribuent à donner de la
réalité au projet. L'apprentissage du code de la route peut être long
pour ce public, ce genre d'activités est remobilisant pour les
stagiaires)
• un module d'activités à partir de la vidéo (sur
ordinateur) et des « diapositives» (avec le boîtier) : ces activités
visent à développer le champ visuel, à chercher des repères, à
anticiper, à travailler le vocabulaire, ...(> il est nécessaire de
faire avec les stagiaires des fiches de récapitulation de tout ce que
les stagiaire savent dans un domaine).
A.I.L.E a organisé une
progression adaptée aux besoins spécifiques de ce public mais cet
obstacle «surmonté », il faut passer le cap d'une inscription en
auto-école classique, et l'apprentissage de la partie pratique est aussi
long et onéreux pour ces publics en difficultés.
Une auto-école
sociale permet de proposer un encadrement spécifique pour les personnes
en difficultés d'apprentissage, à côté du professionnel de la conduite
automobile et du code de la route, se trouve un professionnel en
remédiation, en apprentissage et en savoirs de base qui laisse le temps
aux stagiaires de s'approprier, de maîtriser des termes lexicaux et
verbaux propres à l'examen du code de la route.
Du permis de conduire à l'insertion...
L'insertion,
des jeunes et des bénéficiaires RSA, s'inscrit dans une dimension
sociale et professionnelle, il existe une hiérarchie entre les deux
notions, l'insertion sociale constituant la 1ère étape de tout parcours
d'insertion. L'insertion sociale fait référence à toutes actions qui
peuvent être mises en place pour permettre à une personne de
reconstruire un lien avec les autres et avec la société. Ainsi définie
il est possible de considérer l'insertion sociale comme un processus de
construction ou de restauration du lien social. L'insertion
professionnelle, quant à elle, désigne les démarches qu'une personne
effectue pour préparer son entrée dans la vie active (jeunes) ou pour
retrouver une place sur le marché du travail (bénéficiaires RSA). Ces
démarches peuvent comprendre:
o l'inscription dans une formation qualifiante,
o la recherche active d'un emploi,
o l'accès à un emploi aidé
Les
institutions sociales avec lesquelles nous travaillons classent l'aide
au permis de conduire parmi les actions d'insertion professionnelle. Il
s'agit en quelque sorte d'une ultime étape, visant à augmenter la
mobilité et donc la possibilité des personnes de s'insérer durablement
sur le marché du travail. L'obtention du permis de conduire est
considérée comme l'aboutissement du processus d'insertion.
Ainsi
l'aide au permis de conduire est généralement proposée ou accordée aux
personnes proches de l'emploi, c'est-à-dire celles qui satisfont aux
critères suivants: motivées, autonomes, actives dans la recherche
d'emploi autour d'un projet précis. Les personnes qui sont éloignées de
l'emploi, cumulent fréquemment plusieurs difficultés (que nous avons
constatés lors de l'atelier « code de la route») : image de soi
dévalorisée, manque de confiance en soi, faible niveau de formation,
difficultés à se repérer dans l'espace et dans le temps, etc. Lorsque
ces personnes viennent demander aux services sociaux de les aider à
passer leur permis de conduire, on leur propose prioritairement des
actions d'insertion sociale. Pourtant la demande de permis de conduire
est porteuse d'une demande de reconnaissance sociale, ce qui positionne
le permis comme un élément moteur très puissant pour les personnes qui
font cette demande. Cette motivation est un élément sur lequel les
travailleurs sociaux peuvent s'appuyer pour permettre aux personnes de
s'inscrire dans une dynamique de projet, au sein de laquelle elles
peuvent envisager leur vie future.
Les aspects cognitifs du permis de conduire...
Si
l'on s'intéresse à l'apprentissage de la conduite automobile, on
constate que celui-ci implique une planification dans le temps: de la
préparation théorique à l'examen pratique, de nombreuses étapes doivent
être franchies et la présence aux cours doit avoir été régulière. De
plus, conduire est une activité qui met en jeu un individu au sein d'un
espace qu'il doit partager avec les autres usagers. Il faut donc
apprendre un nouveau" vivre ensemble" et ce dès le début de la formation
puisque celle-ci se déroule en groupe pour sa plus grande partie.
La
demande d'aide au permis de conduire doit nécessairement s'inscrire
dans un projet professionnel, et la possession du permis doit être
nécessaire à la réalisation de ce projet.
Pour nous,
l'apprentissage de la conduite automobile réalisé en auto-école sociale,
parce qu'il allie la formation à un accompagnement personnalisé,
constitue un outil d'insertion à la fois sociale et professionnelle. Il
permet d'une part de construire ou de restaurer du lien social, et
d'autre part il favorise la (ré)inscription des personnes dans une
dynamique de projet.
L'insertion par l'apprentissage de la conduite automobile apparaît bien comme une modalité présentant plusieurs intérêts:
la forte motivation des personnes leur permet de rester impliquées tout au long d'une formation qui peut durer plusieurs mois;
le
fait d'être en groupe, mais aussi le contenu même de la formation au
permis de conduite, semble être de nature à favoriser la création, la
restauration ou le maintien du lien social;
la durée de cette
formation et son organisation placent les personnes dans une situation
semblable à celle de la mise en projet;
le permis de conduire est un
atout concret pour l'insertion professionnelle, puisqu'il est
fréquemment demandé par les employeurs;
Enfin peu d'actions
d'insertion permettent d'obtenir une reconnaissance officielle par la
société des compétences acquises, hormis dans le domaine des formations
qualifiantes.
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